Mais quel sujet ?
Après avoir dans un premier temps dessiné des objets très techniques : des moteurs, des parachutes — et des nus —, l'attention de l'artiste se porte désormais vers « l'espace, la physique quantique, les galaxies, les particules, la lumière, les ondes. » Depuis son appartement parisien, Cyrielle explore ces questions par le biais d'une technique aujourd'hui singulière, le pointillisme — « Je superpose des dizaines de nuances de points jusqu'à ce que la feuille soit totalement recouverte, il faut des jours avant de parvenir à créer la sensation de profondeur que je recherche. »
« Au fil de mes productions, je me suis rendu compte que la forme servait l'idée de mes sujets. Je suis tellement fascinée par les particules que j'ai la sensation de représenter la réalité de la manière la plus fidèle qu'il soit, comme si je représentais chaque atome et le vide qui les sépare. Finalement, dans l'hyperréalisme, le pointillisme serait une métaphore de la matière. »
S002, 19:23, 2018 Acrylic ink on archival paper
Si les débuts étaient concentrés sur le noir et blanc, l'artiste collaborant notamment avec la Show Gallery de Los Angeles réalise désormais des productions en couleur.
Quelle trajectoire ?
Née en 1994, Cyrielle Gulacsy a d'abord été Directrice Artistique dans une agence, mais la passion pour la création a pris le dessus. « Je n'arrivais plus à travailler, et mes amis m'ont poussée à me lancer. »
« Mais par le passé j'avais déjà eu l'occasion de montrer mon travail, notamment dans le cadre de la foire DDessin. À cette occasion, la réception du public fut très bonne. J'ai exposé à New York quelques mois plus tard, et si très peu de gens sont venus, un galeriste de premier plan était présent. Ces retours m'ont vraiment motivée à persévérer. »
Quelles influences ?
« J'ai toujours aimé des artistes tels Matisse ou Yves Klein, mais j'ai finalement dû attendre de maîtriser la couleur pour être sensible à Rothko, Léger, Miro. » Et plutôt que de citer Signac ou Seurat, Cyrielle préfèrera évoquer James Turrell et Stephen Hawking.
S011, 21:21, 2018 Acrylic ink on archival paper 47 x 33 inches framed
Quelle suite ?
« Ces derniers temps je travaille sur les ondes électromagnétiques et la distorsion de la lumière par le phénomène de lentille gravitationnelle, j'ai également un projet d'exposition dont le sujet ne serait pas seulement la lumière en elle même, mais sa perception. »
Sans formation scientifique, Cyrielle a récemment rencontré plusieurs physiciens du CERN pour un de ces projets. « J'ai envie d'aller plus loin, et l’unique moyen pour y parvenir est de reprendre les mathématiques et la physique, même si ça me prends des années. »
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Parmi les projets évoqués, la création d'une chambre à particule, « permettant de visualiser en temps réel le trajet des particules issues des explosions de supernovas se trouvant à des millions d’années lumières de la terre. »
Consciente que ces sujets sont plus ou moins abstraits pour une majorité, Cyrielle souhaite que la dimension esthétique et émotionnelle ne soit pas noyée par les recherches inhérentes à ses créations. « Je veux que mes œuvres puissent exister en amont de cette dimension scientifique. Si l'on s'intéresse ensuite au fond, cela ajoutera un aspect intéressant. »